La Vénerie sous Terre : Une Pratique à Reconsidérer

Publié le 16 juin 2024 à 12:00

La France se distingue par son nombre impressionnant d’espèces chassables : 91, dont 20 sont en déclin. Ce record s'accompagne de la persistance de pratiques de chasse controversées, telles que la vénerie sous terre, particulièrement marquante par son impact sur les blaireaux.

En quoi consiste la vénerie sous terre ?

La vénerie sous terre, ou déterrage, implique l'utilisation de chiens pour acculer des blaireaux au fond de leurs terriers. Les chasseurs creusent ensuite pendant des heures, parfois jusqu'à deux jours, pour extirper les animaux à l'aide de pinces métalliques. Une fois sortis de leur refuge, les blaireaux sont généralement tués à l'arme blanche, une expression qui masque la réalité brutale des coups de pelle, de hache ou de masse.

Comment se déroule précisément le déterrage d'un animal ?

Le processus de déterrage, bien que souvent présenté comme une tradition, est particulièrement pénible pour les animaux. Voici comment cela se passe :

  1. Localisation du terrier : Les chasseurs commencent par repérer un terrier de blaireau. Cela peut se faire grâce à des indications visuelles telles que les traces ou les marques laissées par les blaireaux.

  2. Introduction des chiens : De petits chiens spécialement entraînés, tels que les terriers, sont introduits dans le terrier. Leur tâche est d'acculer les blaireaux au fond de leurs galeries souterraines. Les chiens les pourchassent et les mordent, provoquant un stress et une peur intenses chez les blaireaux.

  3. Début de la creuse: Une fois les blaireaux localisés par les chiens, les chasseurs commencent à creuser au-dessus de la position estimée des animaux. Ce creusement peut durer de plusieurs heures à deux jours, selon la profondeur et la complexité du terrier.

  4. Utilisation des pinces : Lorsque les chasseurs atteignent les blaireaux, ils utilisent de grandes pinces métalliques pour les saisir et les extirper du terrier. Cette méthode de capture est extrêmement douloureuse pour les animaux, qui sont déjà terrorisés par la présence des chiens.

  5. Mise à mort : Une fois extraits, les blaireaux sont généralement tués sur place. Les méthodes varient, mais incluent souvent des coups de pelle, de hache ou de masse. Les jeunes blaireautins, s'ils sont présents, sont également abattus ou laissés à mourir de faim et d'exposition.

Un impact dévastateur sur les blaireaux

Chaque année, environ 12 000 blaireaux sont tués de cette manière en France. Cette chasse, souvent prolongée au-delà de la période légale de mi-septembre à janvier, se poursuit fréquemment de mai à septembre, lorsque les jeunes blaireautins sont encore dépendants de leurs parents. Cette période complémentaire est souvent autorisée sans données claires sur les populations de blaireaux ou les dégâts agricoles qu'ils pourraient causer.

Les aspects éthiques et biologiques

La vénerie sous terre est une pratique d'une grande cruauté. Le stress et la souffrance infligés aux blaireaux, mordus par des chiens puis arrachés de leur terrier, sont énormes. Les aménagements réglementaires récents, censés atténuer ces souffrances, sont largement inappliqués.

De plus, cette pratique n'affecte pas seulement les blaireaux. Les terriers complexes qu'ils occupent abritent souvent d'autres espèces, dont certaines sont protégées. Les chiens utilisés pour le déterrage peuvent blesser ou tuer ces animaux, ajoutant une dimension supplémentaire à l'impact écologique de cette chasse.

Les défenseurs de la vénerie sous terre avancent souvent que cette méthode aide à contrôler les populations de blaireaux et à prévenir des dégâts agricoles. Cependant, les preuves de ces dégâts sont rares et souvent exagérées. De plus, des solutions non létales existent pour protéger les cultures.

Contrairement à ce que prétendent certains chasseurs, la vénerie sous terre pourrait même contribuer à la propagation de la tuberculose bovine, une maladie d'origine agricole. En perturbant les populations de blaireaux, cette pratique pourrait favoriser la dispersion de la maladie.

L'incompatibilité avec la législation et les conventions internationales

Le déterrage des blaireaux enfreint plusieurs régulations françaises et internationales. En France, il est interdit de tuer ou de capturer les jeunes mammifères encore dépendants de leurs parents, ce qui inclut les blaireautins pendant la période de chasse complémentaire. De plus, cette pratique est contraire à la Convention européenne de Berne, qui exige une connaissance précise des effectifs de blaireaux, ce qui n'est pas le cas en France.

Un sondage IPSOS réalisé en 2018 a révélé que 83 % des Français sont favorables à l'interdiction du déterrage. Cette opposition reflète une sensibilisation croissante aux questions de bien-être animal et une volonté de voir des pratiques de chasse plus éthiques.

Conclusion

La vénerie sous terre est une pratique qui, malgré sa tradition, est de plus en plus difficile à justifier dans une société moderne consciente des enjeux de bien-être animal et de biodiversité. Il est crucial de reconsidérer cette méthode et de chercher des alternatives plus humaines et durables pour la gestion des populations animales. En nous alignant sur les pratiques de nos voisins européens, nous pouvons avancer vers une coexistence plus respectueuse entre l'homme et la faune sauvage

 

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